Il est difficile de donner des chiffres concernant l’infertilité masculine en Afrique pour plusieurs raisons : Dans l’inconscient collectif, l’infertilité était souvent attribuée à la femme ainsi d’ailleurs que le sexe de l’enfant. Il faut donc mettre en place des registres nationaux qui puissent colliger les données de chaque pays en tenant compte de la polygamie qui peut parfois brouiller les pistes. Cela dit, comme dans tous les continents, la fertilité masculine est en baisse du fait de facteurs environnementaux, des pesticides et autres perturbateurs endocriniens qui ont un effet direct sur le spermogramme. L’obésité, le tabac et autres drogues récréatives ont également un effet néfaste sur la spermatogenèse. On considère que depuis les années 50, la concentration en spermatozoïdes a environ baissé de moitié.
Infécond est plus un terme de langage courant, on parle habituellement d’infertilité. Celle-ci se définit par l’absence de grossesse après plus d’un an de rapports non protégés au sein d’un couple. Il faut naturellement vérifier que ces rapports aient bien lieu pendant la période ovulatoire, hors de toute dysfonction érectile ou éjaculatoire.
L’infertilité vous met en marge de la société et en Afrique du nord, du moins, ce sont surtout les femmes qui se battent pour obtenir une grossesse et pouvoir assumer une partie de leur féminité à travers la maternité. C’est donc habituellement par une consultation chez le gynécologue que tout commence. L’andrologie est une spécialité nouvelle et tout homme infertile devrait aussi subir un examen clinique par l’andrologue ainsi qu’une batterie d’examens dont le premier est le spermogramme.
La PMA est bien une réalité à présent, de très nombreuses familles se sont constituées au moyen de la PMA, et contrairement à l’adoption, cela se fait à l’insu de tout l’entourage, ce qui évite de stigmatiser chaque membre du couple.
Les inséminations intra-utérines, la FIV, l’ICSI, la biopsie testiculaire conventionnelle ou la micro TESE ainsi que tout ce qui procède de la congélation et de la préservation des gamètes ou embryons.
La PMA est indiquée en cas de stérilité masculine, féminine, mixte ou d’étiologie indéterminée à chaque fois que la procréation naturelle échoue, ou à la demande du couple, notamment lorsque la stimulation est mal supportée chez la partenaire. Elle est également indiquée en cas de réserve ovarienne basse ou chez les couples où la partenaire dépasse 38 ans.
La micro TESE date déjà depuis plus de 20 ans et a été décrite avec un microscope. Malheureusement, cette technique est très chronophage, j’utilise donc des loupes à fort grossissement (x6) qui me permettent d’avoir des résultats presque équivalents pour un temps opératoire bien moindre. Chez un patient ayant une azoospermie non obstructive, la biopsie testiculaire conventionnelle est positive dans 30 à 43% tandis que l’usage des loupes permet d’avoir des taux de positivité de 52%. De même, chez un homme ayant eu une BT conventionnelle négative, la magnification permet de rattraper environ 1/3 des hommes à qui l’on a interdit tout paternité. La magnification permet de repérer les tubes séminifères dilatés qui sont plus à même de contenir des foyers de spermatogenèse résiduelle.
Les inséminations intra-utérines réussissent dans environ 15% des cas par cycle. FIV et ICSI ont un taux de grossesse de 35 à 50% par cycle et jusqu’à 60 à 70% en taux cumulés, lorsqu’on transfert des embryons congelés.
Le type de stérilité, l’âge et la réserve ovarienne de la partenaire ainsi que la qualité des spermatozoïdes. L’expérience de l’équipe médicale joue naturellement un rôle déterminant !
La PMA crée souvent un stress au sein du couple et cette mésentente peut parfois éloigner les 2 partenaires l’un de l’autre sans oublier qu’elle est parfois à l’origine d’une dysfonction érectile. Il faut également savoir ne pas impliquer tout la famille dans ce qui fait partie de l’intimité du couple.
Pour beaucoup d’africains, il est important d’avoir une famille et si possible nombreuse ! Mais cela doit se pratiquer dans le cadre bien précis de lois gérant le transport, l’utilisation et la congélation de gamètes. L’andrologue a un rôle important, non pas seulement dans la pratique de la mTESE mais en permettant également d’identifier des causes curables d’infertilité ce qui permet parfois d’éviter le recours à la PMA.
C’est une très belle initiative qui permet l’information de chacun et le partage du savoir. Il ne faut pas oublier que pour établir les nouvelles normes du spermogramme, l’OMS a fait appel à des patients américains, européens et asiatiques. A nous donc de créer nos propres réseaux et pourquoi pas plus tard, nos propres guidelines !